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La poterie à Saint-Amand, le musée du grès.... souvenirs, souvenirs


Je vous emmène au début du siècle dernier où Saint-Amand était la capitale de la poterie, et la commercialisait vers toute la France, l'Europe et même au-delà.

Il s'agissait de poterie utilitaire, en grès de Puisaye, destinée à la conservation des aliments avec des pièces très diverses : des petites écuelles, des bols, des saladiers, des saloirs, des bonbonnes, des bouteilles.... bref un temps révolu bien sûr.

J'ai rencontré Dany GILLET qui m'a parlé de ce passé là, et surtout de son père avec beaucoup de fierté. Non ce n'est pas un grand nom de la poterie mais écoutez un peu.

C'est à La Borne, centre de production de poterie concurrent de Saint-Amand, que naît Maxime GILLET en 1906, fils d'un "tireur de terre". La Borne est située sur la même veine argileuse que Saint-Amand. Issu d'une famille très pauvre, Maxime était l'ainé d'une famille de 11 enfants et devait donc aider la famille à "faire bouillir la marmite". Vers 15 ans, comme manoeuvre il passa de poterie en poterie, apprit à tourner et devint Tourneur. Tourneur, la belle promotion ! En 1930, il réussit même à s'acheter une moto, un petit luxe pour l'époque.

en 1933, revendiquant de meilleurs salaires, il fut banni par les patrons potiers à La Borne, ce qui naturellement l'amena à Saint-Amand-en-Puisaye pour chercher du travail. Il en trouva très facilement comme tourneur justement (Poterie Jacques, poterie Normand).

La poterie à Saint-Amand se portait très bien. Tourneur chez Normand, une commande personnalisée fut passée par un grossiste qui souhaitait orner sa propriété de très grands vases.

Après plusieurs études

-ci-contre l'un d'elles conservées encore aujourd'hui par Dany-

4 gros vases furent réalisés. Avec la Guerre, la commande ne fut jamais ni livrée ni payée... 2 pièces entreposées à Neuvy furent détruites par un bombardement, et 2 autres furent sauvées par Maxime GILLET. N'étant plus payé par la poterie, Maxime GILLET se paya en nature en conservant ces 2 pièces.

En 1940, Maxime fut mobilisé... mais fut relâché assez vite à Angoulême, pour revenir à pied vers la Puisaye.

Entre 1942 et 1944, m'explique Dany la plupart des potiers furent exemptés du Service du travail obligatoire (STO mis en place par Vichy) tant la poterie était indispensable.

Ces 2 vases, comme une prise de guerre, furent conservées religieusement par la famille et c'est en 1946 qu'elles furent exposées lors du premier comice agricole. Et là Dany raconte comment son père simple ouvrier tourneur obtint le prix du comice agricole, transportant les lourdes pièces de la maison vers la Halle à la brouette.

Maxime était travailleur, il avait l'habitude de dire en rentrant qu'il venait de faire 2 journées de terre. Une journée de terre était la quantité d'argile mise à la disposition des tourneurs pour produire des pièces pour la journée. Et tournant 2 journées, il gagnait donc 2 fois plus.

Maxime conserve les 2 pièces précieuses chez lui. Décède en 1952. Ce sont les enfants qui en font don au Musée de Saint-Amand.

Voilà la petite histoire au service de l'Histoire, l'Histoire du grès à Saint-Amand-en-Puisaye.

Alors si vous passez par Saint-Amand, n'oubliez pas d'aller voir ces 2 grands vases exposés au Musée et pensez que ce fut la réalisation d'un simple ouvrier tourneur dans un contexte si particulier : la guerre de 40.

Bonne visite au musée

dans un très beau château du 17ème

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